Si le marché du bricolage a connu des années de forte progression, il est aujourd'hui en proie à de sérieuses difficultés. L'attrait pour le bricolage ne se dément pas, mais le ralentissement économique se répercute sur le secteur : baisse des transactions immobilières, réduction des budgets consacrés par les ménages aux activités de bricolage. De ce fait, le volume d'affaires est de plus en plus ralenti et s'établissait en 2010 à 17,338 milliards d'euros tous secteurs confondus. Cette analyse doit toutefois être nuancée. Les grandes surfaces spécialisées évoluent favorablement et voient leurs parts de marché s'accroître. Ces établissements, de type Castorama ou Leroy Merlin, ont une stratégie offensive qui leur permet d'attirer de plus en plus de clientèle grâce à des prix réduits et à une offre variée. Les établissements de type Gedimat ou Point P, orientés sur le négoce de matériaux et de matériels, sont plus sensibles aux aléas du secteur de la construction. Pour les hard discounters, tels que Brico dépôt, leurs prix sont garants de leur succès. C'est le segment des petits établissements, moins de 400 m², qui souffre le plus des difficultés du marché. Ces petits professionnels ne peuvent rivaliser en prix et en variété d'offre avec les leaders du secteur. Leur part de marché décroit. Pour résister, les indépendants doivent adhérer à des groupements pour pouvoir bénéficier d'une logistique et de conditions d'achats plus favorables.
L'organisation du marché du bricolage en France
Le marché restera porteur aussi bien du fait de l'évolution des modes de vie que de l'attrait pour le développement durable. Sous l'impulsion des grands groupes spécialisés, la concentration du secteur se poursuit activement. Il est constitué de 2 pôles.
- Les surfaces de plus de 400 m² comportent les grands magasins de bricolage et représentent plus de 70% du chiffre d'affaires total du secteur. Parmi ces leaders figurent Castorama, Leroy Merlin, BHV, ou encore Bricorama. Ce segment regroupe également les établissements de taille moyenne dont la surface est comprise entre 400 et 1000 m². Ces établissements font en général partie d'un groupement coopératif ou d'une franchise de bricolage de type Mr Bricolage, Weldom ou encore la franchise bricomarché.
- Les surfaces inférieures ou égales à 400 m² constituent le deuxième pôle du secteur, qui comprend les petits professionnels indépendants. Sous l'effet de la concurrence des grands acteurs, ils sont en déclin. Certains adhèrent à des groupements pour rester compétitifs.
Nombre d’entreprises du secteur en 2010 | Chiffre d’affaires du secteur en 2009 | Evolution du chiffre d’affaires du secteur en valeur | ||||
---|---|---|---|---|---|---|
(en milliards d’euros) | (Indice ICA base 100 en 2000) | |||||
Commerce de détail de quincaillerie, peintures et verres en petites surfaces (moins de 400 m²) | 6 567 | Commerce de détail de quincaillerie, peintures et verres en petites surfaces (moins de 400 m²) | 3,338 Md€ | Commerce de détail de quincaillerie, peintures et verres en petites surfaces (moins de 400 m²) | Commerce de détail de quincaillerie, peintures et verres en grandes surfaces (400 m² et plus) | |
Commerce de détail de quincaillerie, peintures et verres en grandes surfaces (400 m² et plus) | 3 046 | Commerce de détail de quincaillerie, peintures et verres en grandes surfaces (400 m² et plus) | 14,000 Md€ | 2010 | 138,6 | 178,7 |
(Source : Insee, Démographie des entreprises et des établissements 2010 - champ marchand non agricole, Stocks d’entreprises au 1er janvier 2010) | Total | 17,338 Md€ | 2009 | 138,4 | 173,8 | |
(Source : Insee, Esane) | 2008 | 142,1 | 173,9 | |||
2007 | 138,3 | 166,8 | ||||
2006 | 130,3 | 153,7 | ||||
2005 | 125,7 | 143,9 | ||||
2004 | 121,7 | 136,8 | ||||
2003 | 114,0 | 120,7 |
Evolution du nombre |
Créations |
Défaillances |
|||
Quincaillerie, droguerie (- de 400 m²) |
Bricolage (+ de 400 m²) |
Quincaillerie, droguerie (- de 400 m²) |
|
||
2010 | 823 | 140 | 180 | 109 | |
2009 | 786 | 160 | 249 | 114 | |
2008 | 651 | 252 | NC | Nc | |
2007 | 773 | 499 | 148 | 98 | |
2006 | 602 | 407 | 161 | 77 | |
(Source : Insee, Démographie des entreprises et des établissements - champ marchand non agricole, Créations d’entreprises, défaillances d'entreprises) |
Les contraintes de la création d'un magasin de bricolage
Aucune formation n'est requise pour exercer dans ce secteur, bien qu'un CAP et un BEP existent. Les grands groupes disposent de leurs propres centres de formation. Les grosses structures recherchent plutôt des profils de gestionnaires ou de managers alors que les professionnels indépendants sont souvent des hommes de terrain.
De même, aucune règle spécifique ne concerne l'ouverture d'un magasin de bricolage ou d’une quincaillerie. Elle est soumise au droit commun du commerce de détail et les locaux doivent être conformes aux normes de sécurité pour accueillir le public. Outre ces règles généralistes, des normes particulières s'appliquent pour la vente de certains produits. Une charte de la fédération française de bricolage récapitule l'ensemble de ces normes.
Le statut de l'entreprise
Le professionnel a le statut de commerçant et s'inscrit au registre des sociétés de la Chambre de commerce et d'industrie. Comme pour la plupart des activités, il sera possible de l'exercer à titre d'entrepreneur individuel ou en créant une société. L'imposition suit le régime des bénéfices industriels et commerciaux dans le 1er cas.
Le professionnel est soumis à l'impôt sur les sociétés s'il a créé une société, ou inclut les revenus de son activité dans sa déclaration d'impôts sur les revenus s'il a opté pour l'auto-entreprise.
80% des établissements de 400 m² et plus sont ouverts en société, ce taux tombe à 40% pour les commerces de moins de 400 m². La SARL est la forme la plus utilisée.
Dans ce marché, seul s'applique le taux de TVA de 19,60%.
Les caractéristiques du magasin de bricolage
Le mode d'installation le plus répandu est la création. Les indépendants privilégient les villes de 25 000 habitants alors que les grandes surfaces préfèrent les agglomérations plus importantes. Les investissements de départ concernent l'aménagement du local, et certains équipements et matériel. L'informatisation est également indispensable en raison du très grand nombre de références.
La gestion d'un point de vente de bricolage et de quincaillerie
En raison des difficultés du marché, le professionnel indépendant doit assurer une saine gestion. Il va contrôler son chiffre d'affaires et surveiller sa marge brute. Dans ce secteur, les stocks sont importants et donc coûteux : ils sont évalués à 4 ou 5 mois de chiffres d'affaires. La gestion des stocks doit donc être rigoureuse et permettre une rotation fluide des produits. Ce secteur connaît une certaine saisonnalité. Les chiffres sont plus élevés au printemps que l'hiver. Les références sont extrêmement nombreuses avec des articles qui permettent des marges très importantes, comme les vis ou les clous, mais aussi le gros matériel de jardin par exemple.
Les achats sont le poste le plus élevé des charges avec 65% du chiffre d'affaires en moyenne. Leur maîtrise est indispensable. En rejoignant une chaîne ou un groupement, les professionnels indépendants parviennent à obtenir de bien meilleures conditions.
Les coûts du personnel sont aussi très élevés.
Enfin, compte tenu des superficies les loyers peuvent aussi être très importants, notamment pour les établissements situés en zone urbaine.
Compte tenu du poids des achats, la réussite dépend de leur gestion et de celle des stocks. Les réapprovisionnements fréquents permettent d'éviter le sur stockage en collant le plus possible aux ventes. En tout état de cause, la gestion des stocks doit être irréprochable.
Enfin dans les établissements de taille importante, les coûts en personnel doivent être très contrôlés afin d'écarter tout dérapage.
Pour éviter l'endettement, des fonds propres élevés sont indispensables pour faire face aux investissements et disposer d'un fonds de roulement suffisant. Celui-ci doit couvrir au moins 30 jours de chiffre d'affaires.
En raison du caractère cyclique de l'activité et de l'importance des stocks, des besoins en trésorerie peuvent apparaître. Une gestion rigoureuse doit permettre de les maîtriser.
Les rations moyens de gestion d'une quincaillerie
Les ratios de gestion clefs - Quincaillerie (- de 400 m²) |
|
Chiffre d’affaires moyen |
126 K€ |
Marge brute (en % du CA) |
43,23 % |
Excédent brut d’exploitation (en % du CA) |
13,95 % |
Rotation des stocks (en jours de CA) |
147 J |
Crédit clients (en jours de CA) |
21 J |
Crédit fournisseurs (en jours de CA) |
70 J |
Besoin en fonds de roulement (en jours de CA) |
38 J |
(Moyenne indicative élaborée à partir de données Insee "Données du compte de résultat et bilan pour les personnes physiques", 2007 ou 2006) |
La valeur d'un fonds de commerce de bricolage et quincaillerie
Il est courant de valoriser un fonds de commerce de bricolage, quincaillerie en appliquant un ratio de 25 à 70 % du chiffres d'affaires annuel.
Cette valeur doit cependant être ajusté par la qualité de l'emplacement, la rentabilité généré mais aussi la vétusté des lieux.
Le financement d'un magasin de bricolage quincaillerie
Dans un secteur aussi concurrentiel, les professionnels indépendants doivent absolument se démarquer des grandes surfaces spécialisées. Ils doivent disposer d'une surface suffisante, dans une zone non desservie par une grande enseigne, et avoir une stratégie de service de proximité pour attirer et fidéliser la clientèle. En s'affiliant à un groupe ou à une franchise, ils se donnent tous les moyens de réussir.
Le porteur de projet devra posséder un apport au moins égal à 30 % de l'investissement. Une expérience dans le domaine du bricolage ou de la gestion d'une grande surface est également un plus.