Le secteur du commerce de détail de meubles est confronté à des difficultés. Certains de ses segments, comme les meubles de cuisine ou de rangement, sont en perte de vitesse. Le chiffre d'affaires global du secteur était de 12,991 milliards d'euros en 2010. Le contexte économique difficile explique pour une bonne part les difficultés du secteur très lié en effet aux fluctuations de l'économie. Le marché immobilier est moins dynamique. En période économique difficile, les ménages reportent leurs achats. Toutefois, la morosité générale du secteur épargne certaines gammes qui connaissent de belles progressions. Ainsi, les établissements qui proposent de l'habitat jeune, constitué de meubles modernes, modulables, à prix attractifs sont en plein essor. À côté du mobilier, leur offre est enrichie d'une part importante de produits de décoration d'intérieur. Ils séduisent également la clientèle avec un grand nombre de services annexes tels que la garde des enfants, la restauration. Ces enseignes contrôlent environ la moitié du marché. La pression concurrentielle est d'autant plus forte que d'autres acteurs sont de plus en plus présents sur le marché. Ainsi, les professionnels sont concurrencés par les grands magasins et la vente à distance, tous deux très dynamiques. Les marchés de l'occasion et du hard discount sont également en plein développement. En revanche les professionnels spécialisés uniquement dans le meuble, et en particulier le meuble traditionnel, sont en recul. La situation est encore plus délicate pour les acteurs positionnés sur une seule gamme. Ces mono-spécialistes subissent de plein fouet le recul des ventes de leurs produits. Il en est ainsi par exemple pour les spécialistes de la literie ou du salon. De ce fait, les indépendants n'arrivent plus à se maintenir. En 2010, on dénombrait 347 défaillances. Avec 50,2%, le taux de survie après les 5 premières années est inférieur à la moyenne nationale tous secteurs confondus qui est de 51,9%.Pour résister, les professionnels plus traditionnels doivent rejoindre des groupements ou des centrales d'achat afin de rester compétitifs.
L'organisation du commerce de détail de meubles en France
Le marché extrêmement concurrentiel est organisé autour de plusieurs pôles :
- Les enseignes spécialisées dans l'équipement du foyer sont les leaders du marché. Leur offre très large, est constituée uniquement de produits de moyenne et de bas de gamme. Ces établissements se trouvent autour des grandes zones urbaines. But ou Conforama en sont de parfaits exemples.
- Les enseignes généralistes proposent uniquement du mobilier traditionnel. C'est le cas de Monsieur Meuble ou de Mobilier de France.
- Les enseignes "jeune habitat" proposent du mobilier moderne et modulable. Leurs prix sont très attractifs. Les articles de décoration d'intérieur font partie intégrante de leur offre. Elles proposent également de nombreux services. Le succès d'Ikéa témoigne de l'essor de ces chaînes.
- Les enseignes spécialisées dans une gamme unique déclinent celle-ci de la manière la plus complète. Ainsi, Tousalon ne propose que des salons. Les enseignes de l'ameublement-décoration sont spécialisées dans le haut de gamme. Roche Bois ou Cinna en sont des exemples.
- Les établissements de discount et de dépôt-vente ont une stratégie de prix offensifs. La vente à distance est en plein développement avec en particulier le succès des sites de e-commerce.
Nombre d’entreprises du secteur en 2010 | Chiffre d’affaires du secteur en 2009 | Evolution du chiffre d’affaires du secteur en valeur | |||
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(en milliards d’euros) | (Indice ICA base 100 en 2000) | ||||
9 433 | 12,991 Md€ | Commerce de détail de meubles | |||
(Source : Insee, Démographie des entreprises et des établissements 2010 - champ marchand non agricole, Stocks d’entreprises au 1er janvier 2010) | (Source : Insee, Esane) | 2010 | 139,8 | ||
2009 | 134,9 | ||||
2008 | 138,6 | ||||
2007 | 136,8 | ||||
2006 | 127,5 | ||||
2005 | 122,2 | ||||
2004 | 116,7 | ||||
2003 | 110,0 | ||||
(Source : Insee, Bulletin Statistique) |
Evol. du Nombre de | Créations | Défaillances |
2010 | 893 | 347 |
2009 | 901 | 402 |
2008 | 901 | 272 |
2007 | 860 | 237 |
2006 | 709 | 204 |
(Source : Insee, Démographie des entreprises et des établissements - champ marchand non agricole, Créations d’entreprises et défaillances d'entreprises) |
Les contraintes du métier
Aucune formation n'est requise pour exercer dans ce secteur. De même, aucune règle spécifique ne concerne l'ouverture d'un commerce de détail de meubles. L’enseigne doit respecter le droit commun du commerce de détail et se soumettre aux textes relatifs à la sécurité des lieux recevant du public. S'agissant des soldes, la loi a instauré les soldes flottantes qui complètent les soldes nationales d'été et d'hiver qui, elles, durent une semaine de moins. Les professionnels peuvent organiser deux semaines de soldes supplémentaires à tout moment dans l’année.
Les caractéristiques d'un magasin de meubles
Compte tenu de la saturation du marché, toute création doit se faire à bon escient. En particulier, il faut prendre en compte le retour sur investissement particulièrement long. Quant aux investissements de démarrage, ils se limitent à l'aménagement du local. Toutefois, ils sont très importants compte tenu des superficies indispensables. Enfin, des véhicules de livraison sont nécessaires, sauf à sous-traiter.
Le statut de l'entreprise
Le professionnel a le statut de commerçant et s'inscrit au registre des sociétés de la Chambre de commerce et d'industrie. Comme pour la plupart des activités, il sera possible de l'exercer à titre d'entrepreneur individuel ou en créant une société. L'imposition suit le régime des bénéfices industriels et commerciaux dans le 1er cas.
Le professionnel est soumis à l'impôt sur les sociétés s'il a créé une société, ou inclut les revenus de son activité dans sa déclaration d'impôts sur les revenus s'il a opté pour l'auto-entreprise.
Environ 86 % des entreprises sont exploitées sous forme de sociétés.
Dans ce marché, seul s'applique le taux de TVA de 19,6 %.
La gestion d'un point de vente de meubles
Ce secteur difficile requiert l'application de règles de gestion rigoureuses. Le chiffre d'affaires doit être décomposé en fonction des gammes de produits afin de suivre l'évolution des ventes au plus près. La gestion des stocks doit tendre vers zéro stock. Le professionnel va, en particulier, privilégier les produits à rotation rapide, et limiter ceux dont la rotation est lente, comme les salles à manger ou les salons par exemple. L'idéal est de tendre vers un fonctionnement en flux tendu afin de limiter les besoins de financement.
Le volume de vente de certains produits varie selon les saisons : salons en automne ou en hiver, mobilier de jardin au printemps ou en été. Les ménages font massivement appel au crédit pour le financement de leurs dépenses d'ameublement. 60% des achats sont réalisés par ce biais.
Avec environ 60% du chiffre d'affaires, les achats constituent le poste le plus élevé des charges.
En second lieu arrivent les dépenses liées au personnel avec 10% du résultat brut. Les loyers sont également très importants du fait de la superficie des points de vente.
La réussite dépend du volume d'affaires et de la marge brute. Il s'agit donc d'obtenir les meilleures conditions d'achat auprès des fournisseurs, l'idéal étant d'appartenir à un groupement ou à une franchise. Mais, si les niveaux de marge peuvent alors être plus élevés, les prix doivent demeurer attractifs par rapport à ceux de la concurrence des grandes enseignes. Les taux de marge dépendent de chaque gamme. En général les marges les plus élevées sont celles pratiquées sur le petit mobilier et sur les meubles déjà montés.
Les ratios de moyen de gestion d'un magasin de meubles
Les ratios de gestion clefs | |
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Chiffre d’affaires moyen | 302 K€ |
Marge brute (en % du CA) | 49,03 % |
Excédent brut d’exploitation (en % du CA) | 16,48 % |
Rotation des stocks (en jours de CA) | 139 J |
Crédit clients (en jours de CA) | 18 J |
Crédit fournisseurs (en jours de CA) | 53 J |
Besoin en fonds de roulement (en jours de CA) | 50 J |
(Moyenne indicative élaborée à partir de données Insee "Données du compte de résultat et bilan pour les personnes physiques", 2007 ou 2006) |
L'estimation d'un fonds de commerce de meubles
Si on estime la valeur du fonds de commerce en fonction d'un barême sur le chiffre d'afaires, la fourchette est comprise entre 25 % et 90 % du CA annuel. Ainsi un fonds de commerce réalisant 300 K€ de CA annuel pourra être évalué entre 75 K€ et 270 K€.
Cette estimation doit être affinée en fonction de l'emplacement, de la rentabilité passée du magasin.
Le financement d'un fonds de commerce de meubles
Le secteur du commerce de meubles est peu rentable. Il faut donc disposer de fonds propres importants pour éviter l'endettement. Ces fonds doivent atteindre au moins 50% des capitaux stables. De plus, les besoins en trésorerie sont importants et exigent là encore, de la rigueur.
Dans ce marché très risqué les indépendants isolés peuvent difficilement se maintenir. Le professionnel indépendant doit donc s’associer à un groupement pour pouvoir rester compétitif.