Ce qu’il faut retenir :
- Le secteur de la chaussure est marqué par une compétition intense, en particulier de la part des grandes surfaces et des plateformes de commerce en ligne.
- Pour rester concurrentiels, les commerçants indépendants doivent miser sur la fidélisation de leur clientèle et proposer des offres uniques.
- Une gestion stricte des stocks et des dépenses est essentielle pour garantir la rentabilité de l’entreprise.
- Financer un magasin de chaussures requiert l’expertise d’un professionnel aguerri, un emplacement stratégique et des conditions d’achat avantageuses.
La situation économique tendue n’est pas favorable au marché de la chaussure. Le chiffre d’affaires global du secteur de 4,7 milliards d’euros en 2009, progresse légèrement grâce à l’augmentation des prix. Mais le volume de ventes est en recul, les ménages, de manière générale, ne sont pas favorables à l’équipement de la personne. Le prix devient de ce fait le critère d’achat incontournable. Le consommateur privilégie les produits de bonne qualité, mais à prix raisonnable. Dans ces conditions les grandes surfaces spécialisées captent l’essentiel de la clientèle grâce à leur positionnement exclusif sur le bas de gamme. Ainsi, elles disposent à la fois d’une offre large et de prix attractifs de hard discount. Les magasins de sport sont devenus eux aussi des acteurs leaders du secteur grâce au succès des marques de sport. De plus, la pression concurrentielle s’est considérablement accrue avec le développement de la vente sur Internet. Ce moyen de distribution connaît un essor considérable, car il propose une offre élargie avec une logistique et des garanties qui séduisent de plus en plus les ménages. Dans ce contexte, les professionnels indépendants pâtissent de leur offre réduite et de leur manque de dynamisme. Ils sont donc extrêmement fragilisés et n’arrivent pas à s’adapter à l’évolution de la demande. De ce fait, ils sont de plus en plus incapables de se maintenir. Dans ce secteur, le taux de survie après les 5 premières années est de 39,8%, alors que la moyenne nationale tous secteurs confondus est de 51,9%. Les indépendants tentent donc de résister en se différenciant des gros acteurs en misant sur la fidélisation et sur une offre comportant plus de marques originales. De cette manière, ils peuvent pratiquer des prix plus élevés et rester compétitifs.
L’organisation du marché de la vente au détail de chaussures en France
Le secteur tend à plus de concentration au détriment des professionnels indépendants. D’autres acteurs apparaissent, ce qui accentue la concurrence. C’est le cas notamment des établissements de prêt-à-porter. Les acteurs traditionnels sont les grandes surfaces spécialisées ainsi que les professionnels indépendants et succursalistes. Si la part des indépendants tend à se réduire, ces circuits traditionnels réalisent 55% des ventes du secteur. Les magasins de sport sont le deuxième acteur en termes de part de marché et réalisent 20% de la vente de chaussures. L’engouement pour les griffes des fabricants d’articles de sport explique leur essor. Ils proposent à la fois des produits de sport et des produits tendance. Les Grandes Surfaces Alimentaires détiennent 10% de parts de marché. Elles ne proposent que des produits bas de gamme. La vente à distance connaît un développement rapide, car elle comprend les sites de e-commerce. Ceux-ci, très adaptés au mode de vie des consommateurs, ont su construire une offre élargie.
Nombre d’entreprises du secteur en 2010 | Chiffre d’affaires du secteur en 2009 | Evolution du chiffre d’affaires du secteur en valeur | |||
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(en milliards d’euros) | (Indice ICA base 100 en 2000) | ||||
5 617 | 4,700 Md€ | Commerce de détail de la chaussure | |||
(Source : Insee, Démographie des entreprises et des établissements 2010 – champ marchand non agricole, Stocks d’entreprises au 1er janvier 2010) | (Source : Insee, Esane) | 2010 | 132,0 | ||
2009 | 128,5 | ||||
2008 | 126,8 | ||||
2007 | 125,7 | ||||
2006 | 120,7 | ||||
2005 | 118,3 | ||||
2004 | 116,1 | ||||
2003 | 112,3 | ||||
(Source : Insee, Bulletin Statistique) |
Evolution du nbre de | Créations | Défaillances |
2010 | 538 | 113 |
2009 | 505 | 107 |
2008 | 458 | 117 |
2007 | 469 | 83 |
2006 | 334 | 77 |
(Source : Insee, Démographie des entreprises et des établissements – champ marchand non agricole, Créations d’entreprises, Défaillances d’entreprises) |
Les contraintes de la création d’un magasin de chaussures
Aucune formation n’est requise pour exercer dans ce secteur. De même, aucune règle spécifique ne concerne l’ouverture d’un commerce de détail de chaussures. Elle est soumise au droit commun du commerce de détail et les locaux doivent répondre aux normes relatives à la sécurité des lieux recevant le public.
S’agissant des soldes, la loi a instauré les soldes flottantes qui complètent les soldes nationales d’été et d’hiver qui, elles, durent une semaine de moins. Les professionnels peuvent organiser deux semaines supplémentaires aux dates qui leur conviennent.
Le statut de l’entreprise
Le professionnel a le statut de commerçant et s’inscrit au registre des sociétés de la Chambre de commerce et d’industrie. Comme pour la plupart des activités, il sera possible de l’exercer à titre d’entrepreneur individuel ou en créant une société. L’imposition suit le régime des bénéfices industriels et commerciaux dans le 1er cas.
Le professionnel est soumis à l’impôt sur les sociétés s’il a créé une société, ou inclut les revenus de son activité dans sa déclaration d’impôts sur les revenus s’il a opté pour l’auto-entreprise.
63 % des entreprises sont exploitées sous forme de sociétés, avec en prorité la SARL.
Dans ce marché, seul s’applique le taux de TVA de 19,60%.
Les caractéristiques d’un magasin de chaussures
Le secteur est saturé et connaît très peu de créations. Les investissements de départ concernent le pas-de-porte et les aménagements. L’informatisation est également requise.
La gestion d’un point de vente de chaussures
Ce secteur concurrentiel et difficile nécessite une gestion rigoureuse.
Le suivi du chiffre d’affaires doit permettre d’effectuer les ajustements nécessaires. Il faut donc le décomposer par collection et analyser les ventes pour chaque produit. Le marché de la chaussure est soumis aux évolutions de la mode, et aux variations des conditions météorologiques. Le chiffre d’affaires peut donc fortement varier selon les gammes de produits en fonction de leur adaptation à la demande du moment. Le professionnel doit se montrer réactif, suivre la mode, connaître les tendances afin de proposer une offre toujours actualisée.
En zone urbaine ou dans des centres commerciaux, les loyers peuvent être élevés, il faut donc faire très attention à ce poste.
Le poste de charges le plus élevé est celui des achats avec environ 60% du chiffre d’affaires hors taxes.
Les charges de personnel sont également importantes et atteignent jusqu’à 10% du chiffre d’affaires. Leur maîtrise est essentielle, aussi les contrats à durée déterminée ou le personnel à temps partiel sont souvent privilégiés par les professionnels.
Pour obtenir de bons résultats, il convient d’assurer de bonnes ventes. En dessous d’un certain volume d’affaires, la rentabilité ne peut être assurée du fait des marges faibles qu’impose la pression concurrentielle. Il est alors crucial pour un établissement indépendant de se démarquer des autres réseaux de distribution. Pour cela, il convient de privilégier les produits originaux, ou même de très haut de gamme, pour capter et fidéliser une clientèle. De même, la stratégie de dynamisation doit comprendre de fréquentes opérations de promotion. Il convient de veiller tout de même à ce que celles-ci n’affectent pas le seuil de rentabilité.
Des stocks trop importants entraînent des charges de financement, mais il faut également éviter les ruptures de stock très néfastes auprès de la clientèle. La rotation des produits doit également être rapide et peut être favorisée, le cas échéant, par des périodes de soldes utilisées à bon escient. Il faut toutefois veiller à ce que celles-ci ne fragilisent pas la rentabilité en réduisant la marge brute en deçà du seuil de rentabilité. Un crédit fournisseur long, avec des délais de 60 jours, peut permettre de limiter les coûts des stocks.
Dans ce secteur difficile, il est important de disposer de fonds propres significatifs pour éviter l’endettement. La trésorerie doit rester positive du fait des paiements comptants de la clientèle et des délais fournisseurs.
Les ratios moyens de gestion d’un magasin de chaussures
Les ratios de gestion clefs | |
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Chiffre d’affaires moyen | 212 K€ |
Marge brute (en % du CA) | 40,48 % |
Excédent brut d’exploitation (en % du CA) | 16,51 % |
Rotation des stocks (en jours de CA) | 219 J |
Crédit clients (en jours de CA) | 3 J |
Crédit fournisseurs (en jours de CA) | 61 J |
Besoin en fonds de roulement (en jours de CA) | 85 J |
(Moyenne indicative élaborée à partir de données Insee « Données du compte de résultat et bilan pour les personnes physiques », 2007 ou 2006) |
La valorisation d’un fonds de commerce de chaussures
La valeur d’un magasin de chaussures peut être estimée entre 40 et 100 % du CA annuel. cette évaluation doit être corrigée en fonction de la qualité de l’emplacement, de la rentabilité de l’affaire à reprendre.
Le financement d’un fonds de commerce de vente de chaussures
Le contexte, particulièrement risqué, exige que le professionnel soit expérimenté et financièrement solide. Il est impératif qu’il se démarque des chaînes en se spécialisant dans un segment : enfants, luxe, etc. S’il dispose d’un emplacement de première qualité et qu’il obtient de bonnes conditions d’achats de ses fournisseurs, il aura des atouts pour réussir et obtenir un prêt professionnel.